Monstrance Clock - Ghost
Hé, Amour. Il fait méga chaud aujourd’hui. Dans l’appart, le thermotruc affiche 25°. Alors forcément, j’peux pas m’empêcher de penser au calvaire que ça aurait pu être pour toi, et ça me rassure, un peu. Et je déteste ça. J’sais pas. Rien ne devrait être en mesure de me rassurer face à ton absence. J’sais pas, je te dis !
J’ai commencé à faire des cartons, trier ce que je garde de tes (nos) affaires et le reste. Je déteste faire ça. J’ai pas envie. J’ai envie de rien.
C’est tellement bizarre de penser que d’autres vont s’installer ici. Et ça l’est encore plus pour moi de partir. J’sais bien qu’il le faut. J’peux pas rester ici, de toute façon. Mais quand même… merde ! c’est encore un déracinement. Je ne le vis pas bien. Non M’sieur.
Faire des efforts, "deal with it", être "forte". Combien d’temps vais-je encore réussir ? J’ai l’impression de jouer la comédie. C’est pas une impression. Shh ! J’ai du mal à penser, à manger, à dormir, à respirer… même les jeux vidéos, bwarf, ça m’emmerde rapidement. Et la belle cerise sur tout le bordel qu’est ma vie, j’ai dit au médecin ce matin qu’il était temps que j’essaie de reprendre le taff. Oui merci je sais, j’suis conne ! Je te jure, je me maudis d’avoir dit ça maintenant. J’ai pas envie de reprendre, pas envie de parler avec des gens, pas envie d’ouvrir des dossiers pour voir ton prénom afficher, ce qui va forcément arriver. Surtout pas envie de retourner au bureau… tellement pas envie ! Mais, je m’accroche et je m’écorche. La vie sans toi, je vais essayer. Ou plutôt, j’essaie. Alors, je ne me cache pas (trop), je ne m’effondre pas, je ne m’apitoie pas (trop) et je continue à faire les "trucs" de la vie, en mode zombie, c’est vrai oui tu as raison, mais hé gros ! il parait que j’suis dans l’action d’après la psy, ça sonne plutot bien, non ? Pff tu m’énerves d’être mort. Maintenant tu as une vraie raison pour ne pas me répondre.
Bref. J’me répète (trop) que t’as fait ton choix pour toi, que j’ai fait l’mien pour moi. C’est un mauvais choix que j’ai fait, j’en suis (plus ou moins) persuadée avec le recul. Mais il est trop tard t’façon. Maintenant béh il faut assumer ma grande. Yep Yep Yep. Tout me fait chier, j’suis tellement fatiguée je te jure si tu voyais ma tronche… Franchement, même me laver… quelle corvée ! Des fois, j’ouvre les yeux dans la nuit, envie de pisser et pendant quelques micro secondes, j’ai oublié. Alors je fais le moins de bruit possible, pour te pas réveiller.
Et tes parents… ils sont fort, très fort. Ils comprennent, ils savent, mais… putain tu nous manques ! On se réconforte avec de belles phrases, "il est bien maintenant" , "au moins, il ne souffre plus", "c’est ce qu’il voulait"...
J’sais pas, à force de les entendre, de le dire, ça sonne creux. Comme une arnaque, comme si on participait tacitement au même mensonge, tous les trois.
Et j’vais reprendre le taff dans moins de 15 jours. Putain de merde !
Pour se souvenir qu’il existe encore de belles âmes à découvrir : Devesh, from India, adorablement sexy. J’apprécie tout même sa jeunesse, ce qui est très étonnant, un brin impétueux et gentil, avec une volonté telle qu’il semble à même de déplacer des montagnes. Aaah ! Où sont donc mes 24 ans ? ! Mouahaha. Connasse.
Peut-être que rien n’est vrai, c’est sur internet, mais je m’en fous. Ce n’est pas comme si cela pouvait me faire du mal. Et à lui non plus, d’ailleurs.